Pas un bruit dans la pièce. Moi, je n’ai rien envie de dire. Je ne sais même pas quoi dire en vérité. Qu’est-ce que je pourrais dire de toute façon ? Que ce n’est pas grave ? Que je m’y attendais ? Que c’est la vie ? Non. Oui c’est grave. Non je ne m’y attendais pas. Non ce n’est pas la vie. Elle ne me regarde même pas dans les yeux. « C’est plus simple vu que nous n’avons pas d’enfants. » Plus simple ? Comment avait-elle put dire ça ? Plus simple. Non ça ne l’ait pas. Je ne vois pas comment ça pourrait l’être. Je prends ma tête dans mes mains. Mon alliance vient se frotter contre mon arcade sourcilière, une déchirure se créée en moi. Cela ne représente plus rien à présent. Juste un anneau doré qui, jadis, avait été un symbole d’amour. Je sens les larmes monter. Oh non Aiden… Tu ne vas quand même pas craquer. Ne pleure pas. Surtout, ne pleure pas. « Il faut que j’y aille Aiden. » Je relève la tête. Bah oui bien sûr. Madame est surement très attendue quelque part. Dans le lit de son amant ? Dans son appartement bien rangé, plein de vie… Différent de notre maison de River Valley. « Eh bien part. Rien ne te retient ici visiblement. » Je ne relève même pas la tête. J’entends ses talons claquer le parquet, elle s’arrête non loin de moi. Pendant une folle seconde je m’imagine qu’elle va m’enlacer, m’embrasser et qu’on va oublier tout ça mais… Un tintement métallique me ramène à la réalité. Et puis les talons reprennent leur claquement stupide et une porte se ferme. C’est fini.
Je m’appelle Aiden Mirovich. Je suis née en Russie, à Moscou plus précisément. Mon père est un chef cuisinier aillant un petit restaurant à Krasnogorsk, une petite ville non loin de Moscou. C’est ici qu’il a rencontré ma mère, Helene. Jeune femme rêvant de voyager elle était entrée dans son restaurant et ne l’a plus jamais quitté. J’ai donc grandit là, dans les cuisines du Mirovich, courant entre les pattes de mes parents, bercé par les différentes saveurs et le bruit des casseroles. Il était donc normal que je devienne ce que je devienne. Non, pas un homme brisé venant tout juste de se faire plaquer par sa femme. Mais un Chef. Un Chef Cuisinier qui ne pouvait se contenter du Mirovich et de Krasnogorsk. Je me suis donc mit à voyager. J’ai parcouru la Russie, je suis allé en France, travaillant dans de petits restaurants tout en rêvant d’être embauché dans un palace… Sans succès. Je n’étais pas assez stables, je n’arrivais pas à rester très longtemps au même endroit. Je suis donc partit aux Etats Unis, voir ce qu’il se faisait là-bas. C’était aussi un retour aux racines, ma mère étant Américaine. Elle m’avait tant parlé de son pays… Je me devais bien sûr de le visiter. C’est donc à l’âge de 25 ans que je débarquai à Little Falls. Ville natale de ma mère. Je fus charmé par l’aspect de la ville et décida de m’y installer pour quelque temps et voir ce qu’il se passait. J’y ai rencontré ma femme. Fou amoureux, je me suis dit qu’il était peut-être temps pour moi de poser définitivement mes valises. Ce que j’ai fait. Je repris le restaurant du centre-ville, je l’ai retapé et ce fut le mien. Le US Mirovich ouvrit donc ses portes et je fis le soir même, ma demande à l’amour de ma vie. J’étais heureux, surement trop pour voir que ma femme, elle, ne l’était pas. Et c’est pour cette raison que je me retrouve à retourner les meubles de ma maison, à envoyer les verres et la vaisselle contre les murs… A hurler et à tout casser. J’avais tout. Mon restaurant, une femme magnifique, une vie… Elle venait de partir, me tuant de l’intérieur et m’enlevant le goût à tout. Je n’étais plus rien. Juste un gars qui avait de grands rêves.

On me dit souvent que j’ai un sale caractère. Un sale caractère. Qu’est-ce que ça veut dire en fait ? Il suffit que quelqu’un soit assez colérique, qu’il s’emporte facilement et qui en plus, n’a pas peur de plonger dans le tas, tête baissée ? Non mais faut arrêter. Je suis chef moi. Dans le sens où je me dois de gérer une équipe et de me faire respecter. Alors oui, je ne suis pas chef au Ritz mais bon… Il y a un début à tout. Et puis j’y peux rien moi. J’ai hérité ça de mon père… J’ai du sang slave dans les veines. Alors oui, je suis un peu froid et pas très expressif mais… Je suis comme ça ! On ne peut pas changer un homme… C’est surement ce qui m’a fait perdre ma femme… Même si, quand on me connait, je peux être chaleureux. Je reste directe et, parfois, maladroit mais… Je suis un homme fidèle et loyal. Je ne suis vraiment pas du genre à cracher dans le dos des gens que j’aime.
On me dit aussi que je suis fragile, voir en pleine dépression en ce moment. Pardon ! Ma femme m’a quittée mais non… Je n’ai pas le droit d’avoir une période de creux ! Je dois rester digne et ne pas finir complètement déchiré sur le trottoir du Rooth ! Rien à faire des on dit de toute façon. Rien ne m’atteint, sauf quand ça vient des êtres chères. Sinon… Vous pouvez y aller ! Je suis un Russe moi. L’hiver coule dans mes veines, je n’ai pas peur des gamins qui cancanes et qui pensent encore que les ragots sont plus puissant que le reste.