« Trop de silences et de souffrances indélébiles
De toute évidence, toute résistance est inutile
Je passe chaque soir, seul dans le noir, à me morfondre
J’aimerais y croire, mais mes espoirs, tomber s’effondre
Désormais tout va bien, car je sais qu’enfin tout ça s’ra fini
Quand je serai parti, à chacun son destin
Moi j’ai choisi le mien, je sais qu’c’est aujourd’hui
Le plus beau jour, de ma vie »*

Ma vie n’est faite que de désillusions, de malheurs et de mort. Vous trouvez que j’abuse ? Attendez de connaitre mon histoire avant de me juger.

Je suis née il y a 25 ans, le 20 mars 1988 ici, à Holly Little Falls. Ma mère était parolière mais effectuait son travail depuis la maison. Mon père bossait pour un label musical sur New York donc il ne revenait que le week-end à la maison mais son absence était compensé par de longs appels téléphonique où je lui racontais ma journée.
Mon enfance, ma scolarité, ma vie étaient normaux. Ho je n’avais pas toujours que des bonnes notes mais ce n’était pas non plus catastrophique. J’étais une gamine enjouée, généreuse, serviable, aimable et tout un tas de chose mais tout à changé quand j’ai eu 12 ans. Ma mère est tombée subitement malade et elle est très vite partie. J’ai donc quitté HLF pour aller vivre à New York avec mon père. Envolée ma joie de vivre et bonjour le repli sur soi. Mon père ne savait pas quoi faire pour m’aider à m’ouvrir, à sortir de mon chagrin et puis un jour, miracle, je me suis de nouveau remise à parler après plus d’un an de silence complet.
C’était un soir comme les autres, je rentrais chez moi et mon père était déjà là mais il n’était pas seul. Une quinzaine de personne était là. J’avais complètement oublié qu’il avait invité du monde à mangé. J’ai participé au repas sans dire un mot jusqu’à ce que la crise de larmes surgisse comme il lui arrivait si souvent de le faire. J’ai quitté la table en larmes pendant que mon père expliquait à nos invités que depuis la mort de ma mère, ce genre de chose m’arrivait fréquemment. Ce que je ne savais pas, c’était que j’avais été suivi par Mike.
Mike avait 15 ans de plus que moi mais je le trouvais vraiment sexy. Il m’avait suivi et prétendait comprendre ce que je ressentais, ce qui m’a mise hors de moi. Et voilà, je reparlais, je laissais ma douleur s’exprimer en m’en prenant à Mike qui ne bronchait pas. Je l’insultais, le frappais et lui encaissait tout sans rien dire. Enfin, quand je me suis calmée – ou plutôt de nouveau effondrée en larmes sur mon lit – il m’a demandé si je me sentais mieux et lorsque j’ai acquiescé, il m’a rétorqué qu’heureusement parce qu’il n’allait pas recommencer de si tôt à me servir de punching ball ce qui m’a fait rire.

« En transparence, mon existence est insipide
Mon cœur balance, dans l’ignorance, il pousse dans l’vide
Oui j’ai si mal, donc l’idéal, c’est d’en finir
Mon coeur s’étale, d’un froid glacial, et puis partir
Désormais tout va bien, car je sais qu’enfin tout ça s’ra fini
Quand je serai parti, à chacun son destin
Moi j’ai choisi le mien, je sais qu’c’est aujourd’hui
Le plus beau jour, de ma vie »*

Depuis ce jour, Mike était devenu un véritable ami, un confident précieux. Grâce à lui, j’ai retrouvé un peu de ma joie de vivre, la force d’entreprendre des choses nouvelles et c’est aussi grâce à lui que j’ai commencé le théâtre. Il faut dire que Mike étant comédien et chanteur, il m’a pas mal aidé. Rapidement, une idylle est née entre nous. Idylle cautionnée par mon père pour ceux que ça intéresse. Bref, j’avais 16 ans quand j’ai commencé à sortir avec Mike et l’entente était au rendez-vous. Seulement, le bonheur ne semble pas fait pour moi. À son tour, mon père est tombé malade. Prévoyant, il m’a fait émanciper en cas de soucis et il avait bien fait car 6 mois avant ma majorité, il m’a quitté, allant rejoindre ma mère.
La spirale du repli sur soi recommençait, d’autant plus que Mike m’avait quitté. J’étais seule et mes soutient avaient disparus, me laissant dans la détresse. Cette fois, mon repli sur moi n’aura pas duré très longtemps. 2 mois après l’enterrement de mon père, j’apprenais que j’étais enceinte. Heureusement que j’étais revenue vivre à Holly Little Falls, je pouvais mener cette grossesse à bien et puis Mary, une amie de ma mère qui aurait pus être ma grand-mère veillait sur moi et mon futur bébé. Leigh est née un soir d’été. J’avais à peine 18 ans mais j’étais heureuse. Ma fille se portait bien, elle était magnifique et surtout, elle me rattachait à la vie.
En revenant vivre ici, j’avais retrouvé des amis d’enfance, je m’en étais fait d’autre et tous ou presque était volontaire pour jouer les baby sitter quand j’en avais besoin. Je me sentais renaitre. Je passais mon temps à sourire, à rire. Le bonheur me souriait à nouveau. Je n’avais pas de père à offrir à ma fille mais elle connaissait le visage de son vrai père, notre histoire.
Malheureusement, il semblerait que je ne sois pas faite pour le bonheur parce qu’il y a un an, Leigh s’en est également allée. Un chauffard ivre l’a percuté alors qu’elle rentrait de l’école avec une de ses camarades et la mère de celle-ci. Ma princesse avait 7 ans. Plus que la mort de ma mère, plus que la mort de mon père, la mort de Leigh m’a complètement dévastée. Cela fait maintenant un an que je ne parviens à sortir la tête de l’eau. Un an que le chagrin détruit mon cœur et il est temps que cela cesse…

« Je n’arrive plus à exister, je n’en dors même plus la nuit
Ma tête ne fais que de penser, si ça n’s’rai pas mieux ainsi
Désormais tout va bien, car je sais qu’enfin tout ça s’ra fini
Quand je serai parti, à chacun son destin
Moi j’ai choisi le mien, je sais qu’c’est aujourd’hui
Le plus beau jour, de ma vie »*

* Le plus beau jour, Keen’V

Dépressive, je crois que c'est le terme qui me convient le mieux pour me décrire. Je passe mes journées à regretter la mort de mes parents et de ma fille. Fini la jeune femme heureuse de vivre qui aimait voir ses amis. Depuis un an, je les évite au maximum, ne sortant de chez moi que pour faire des courses. En fait, je me marginalise.
Avant, j'aimais faire du théâtre et chanter. J'avais même en projet d'ouvrir une école permettant aux gens d'en faire mais j'ai abandonné l'idée à la mort de Leigh. Comment apprendre aux gens à faire semblant d'être quelqu'un d'autre sur scène si je n'en suis pas capable au quotidien.
Ma vie n'ayant plus aucun sens puisque les gens que j'aime sont voués à mourir ou à m'abandonner quand j'ai besoin de soutient, plus rien ne me retient ici et je sens l'appel des chutes d'eau. Elles me promettent un avenir meilleur si j'accepte de rejoindre ma famille dans l'éternité.